Montier Photo Festival
©Michel PETIT

Courant juillet, dans une atmosphère caniculaire et bon enfant, nous nous sommes retrouvés à Montier-en-Der avec une sérieuse mission : choisir, parmi les milliers de photographies et vidéos réceptionnées et présélectionnées par le Comité technique de l’AFPAN, la petite centaine de finalistes et lauréates du concours. Comme ce fut étrange de découvrir la commune en été, en dehors du festival ! Et quelle riche expérience de juger les images reçues par ce si prestigieux concours…

Tous les cinq, nous sommes des photographes de terrain et des naturalistes dans des domaines complémentaires, avec chacun nos spécialités. Pour nous, une photographie n’est pas un simple “clic” : c’est un véritable “déclic”. C’est un fragment d’âme, une émotion qui fige un instant pour mieux le partager… Parfois, une image peut même changer une vie : pour celui qui l’a prise, qui la contemple ou qui y figure. Une photographie, c’est aussi un langage universel et la voix silencieuse de ceux qui n’en sont pas dotés : animaux, plantes, montagnes ou rivières…

Participer à ce jury est un honneur et une grande responsabilité. Nous portons chacun des valeurs, et devions représenter celles du festival. Souvent, nos avis se sont recoupés, parfois nous avons divergé. À cinq, nous pouvions confronter nos points de vue et nos expériences pour développer une intelligence collective.

Il a été crucial pour nous de tenir compte de l’éthique et de prendre garde à l’exemple que peut donner une photographie. Si nous savons d’expérience que certaines prises de vue techniques sont possibles dans des conditions particulières, avec une grande connaissance et un respect du sujet, nous sommes aussi conscients que des photographies primées peuvent susciter un « effet de mode ». Or les mêmes prises de vue, tentées sans expérience, peuvent mettre en péril la faune, la flore, voire leurs écosystèmes. Nous pensons en particulier à certaines photos prises au drone qui peuvent perturber la faune, à des photos au nid, ou à des mises en scène avec un nourrissage manifeste. Dans ces cas, et malgré l’esthétisme de certaines images, nous avons préféré faire preuve de prudence.

Nous avons commencé les sélections par les “Séquences filmées montrant une courte vidéo de nature” : nous aurions bien aimé qu’il y ait davantage de soumissions ! Nous avons été également déçus par les séquences composées uniquement de plans fixes ou sans “storytelling”. Une vidéo transmet sa puissance par la beauté du plan, certes… mais ce qui la distingue de la photo, c’est cette magie d’avoir une image qui bouge et de raconter une histoire ! De voir du mouvement, un récit, une action, des scènes différentes…

Les trois séquences que nous avons retenues ont un fil conducteur, une histoire. Deux d’entre elles traitent de sujets peu illustrés, et toutes reflètent une grande maîtrise technique.

Ensuite, nous avons eu le plaisir de découvrir les photos des jeunes participants de moins de 16 ans. Certaines nous ont bluffées : félicitations ! Chères-Chers Jeunes Photographes : persévérez ! Soignez vos photographies à la prise de vue, effacez vos taches de capteur mais surtout, surtout, ne retravaillez pas trop vos images. Souvent, les fichiers bruts étaient meilleurs que les photos converties, gâchées par trop de saturation, d’assombrissement, de recadrage, et que nous avons dû écarter.

Chères-Chers Photographes “de plus de 16 ans”, vous aussi, allez-y doucement avec les curseurs ! Quelle déception de devoir écarter, en sélection finale, des images magnifiques d’espèces menacées (que nous imaginions déjà lauréates) car les retouches ou traitements étaient excessifs. Suppression d’éléments, virages de couleurs, changement de teinte de l’arrière-plan… à tel point qu’il y avait parfois peu de rapport entre l’original brut et le résultat final.

Pensez aussi à soumettre vos photos dans la bonne catégorie, car le Jury n’est pas autorisé à les réaffecter, et nous l’avons parfois regretté.

Et pour les “Séquences images fixes représentant une suite homogène, chronologique ou harmonieuse”, recherchez l’équilibre subtil entre cohérence et photos quasi-identiques. Une rafale ne fait pas tout !

Enfin, n’oubliez pas de fournir vos fichiers originaux bruts (RAWs) et à légender le contexte de la prise de vue. À l’ère du numérique (et désormais des IA), il est essentiel de comparer les images soumises à leurs fichiers originaux. Certaines photos sont passées à côté d’un prix pour cette raison, car un doute persistait… et c’était, là aussi, une grande déception.

Notre dernier regret : malgré le florilège d’images impressionnantes soumises par les photographes du monde entier à ce concours prestigieux, la catégorie “Plantes sauvages de pleine nature” nous a malheureusement laissés sur notre faim. Nous avons regretté le peu de belles photos soumises à notre jury, et nous n’avons pas pu choisir de lauréat pour la catégorie des Plantes Sauvages.

Nous avons cependant pu découvrir de belles propositions dans la catégorie “Graphisme, forme et matière de la nature”.

Les années se suivent et ne se ressemblent pas dans ce concours, nous espérons découvrir de nouvelles photographies et vidéos, et que personne n’hésite plus à participer : ce concours est ouvert à toutes et tous en laissant parfois la découverte guider le jury…

Pour finir sur une note positive : quel accueil ! Ce fut un week-end intense mais génial. Un très grand merci à l’AFPAN pour cette organisation aux petits oignons, des échanges passionnants, des moments festifs pour clôturer des journées remplies, un silence respectueux lors de nos délibérations, et une réelle ouverture à nos discussions.

Sabine BERNERT, Fabien DAL VECCHIO, Ambre de l’Alpe, Laurent FIOL, Nicolas ORILLARD DEMAIRE

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