Présentation
David TATIN
France
Exposition
J'arpente les montagnes des Alpes du Sud, depuis que je suis adolescent. A cette époque, je marchais, avec en tête les images des pionniers comme Ansel Adams. Mais surtout, j’y relie des lectures qui ont été fondamentales dans la perception que j’ai de la nature, pour devenir ensuite un choix de vie. Thoreau, Abbey, des défenseurs d’une nature non domestiquée, eux-mêmes un peu rustres comme celle-ci peut l’être, et sans concession. Abbey dit notamment, dans Désert solitaire : « Je ne suis pas ici seulement pour échapper un temps au tumulte, à la crasse et au chaos de la machine culturelle, mais aussi pour me confronter de manière aussi immédiate et directe que possible au noyau nu de l’existence, à l’élémentaire et au fondamental, au socle de pierre qui nous soutient. » C’est sans aucun doute cela qui m’a amené à réaliser cette série de photographies. Une envie de rusticité dans le procédé comme dans le rendu. La volonté de ne pas tout maîtriser. Et le temps : le temps de monter là-haut, celui de faire l’image, puis de la développer, un peu comme si je laissais au paysage le temps de s’exprimer. Il y beaucoup de choses artisanales dans le procédé que j’utilise : le sténopé est de fabrication maison, je n’ai pas de négatif (papier positif direct) et je développe dans un révélateur au café, lui aussi fabriqué par mes soins. Pourquoi ce processus, qui peut paraître fastidieux ? Parce que je trouve qu’il rend hommage aux montagnes que je parcours, des Alpes aux Pyrénées, tant dans la façon d’obtenir les images que dans le rendu photographique. Des tons chauds intemporels, car la montagne est un des seuls paysages qui ne change pas, ou peu, à l’échelle d’une vie humaine. Et une image imparfaite dans laquelle il importe peu de savoir de quel sommet il s’agit, mais plutôt de se sentir suspendu à cet horizon.